Être grand-parent d'adolescents en 7 points - Grand-Mercredi

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Être Grand-Parent d’ado en 7 clés

Avec mon Petit-Fils Boris, seize ans et des cordes vocales qui se cherchent, on ne peut pas dire que le dialogue soit d’une fluidité absolue. Il n’y a pas si longtemps (….ah bon ? Une dizaine d’années déjà ?), la moindre sortie au parc avec bonus pain au chocolat suffisait à son bonheur ; aujourd’hui, tout juste si j’ose innover en cuisine de peur qu’il ne boude le menu. Bref, Boris est un ado. Histoire de négocier le virage en beauté, m’est venue l’idée de faire un crochet par le cabinet de la précieuse Liliane Holstein (*), pro ès crises existentielles, ma lanterne, mon coach, bref : ma boussole.

Ce qu’il y a de bien, avec Liliane, c’est qu’elle désamorce tout de suite le « problème », en vous faisant comprendre – si je résume, hein – que ce n’en est pas vraiment un. L’adolescence, un âge ingrat ? Pensez-vous ! Plutôt une occasion rêvée de tisser un lien fort avec son Petit-Enfant devenu grand, à condition de respecter quelques règles de base.

1- Trouver sa juste place

En tant que Grand-Mère, me dit-elle, il ne s’agit pas de copiner avec votre Petit-Fils ni de vous forcer à parler son langage. Ca tombe bien : j’ai toujours été nulle en verlan ! De la même façon, inutile de se positionner comme le font les parents, c’est à dire en tant que censeurs et éducateurs. Bonne pioche : je me le suis toujours interdit ! Quoi, alors ? Miser sur la confiance et non sur le conflit. Oui mais s’il dépasse les bornes des limites ? Dans ce cas, me rassure Liliane, ne pas s’interdire de donner à Boris des règles de vie et des lignes de fonctionnement.

2- Faire preuve d’ouverture d’esprit

Plutôt que de se montrer choquée par les propos de mon Petit-Fils, je comprends que j’ai tout intérêt à ouvrir grand mes oreilles. Peu importe son langage, les fautes de syntaxe et le côté un peu olé-olé de l’anecdote dont il me gratifie entre la poire et le fromage : ne jamais prendre l’air étonnée, plutôt intéressée. En un mot : s’adapter. Car ce que les ados détestent, et ce qui les angoisse terriblement, me rappelle Liliane, c’est tout ce qui peut sembler dépassé, sur le déclin. Concrètement : le jour où je suis groggy en robe de chambre avec 40 de fièvre et Brahms en fond sonore, donc, j’évite de demander à Boris de passer me faire une bouillotte.

3- Lui parler de lui plutôt que de moi

J’ai quand même bien précisé à Liliane que, moi, ce qui me plaisait, c’était de raconter un peu à Boris l’histoire de notre famille, celle de mes propres Grands-Parents, ma jeunesse… Là, je me suis gentiment fait taper sur les doigts. Transmettre, oui. Mais ne surtout pas ramener le dialogue à ma propre expérience, précise la psy. Surtout si Boris ne lance pas lui-même le sujet avec la délicatesse qu’on lui connaît, du genre : « Et l’école, t’y allais comment ? A dos d’âne ? ». Alors la valeur sûre, c’est quoi ? Parler du futur, de l’avenir, des avancées technologiques… (pour ça, il faudrait déjà que je sois capable de faire les mises à jour sur mon iPad…).

4- Brancher mon radar

Avec Liliane, j’aime bien imaginer le pire. Alors je lui parle du gros hic : le coup du méga-secret. Imaginons qu’un jour, Boris s’épanche dans mon oreille et me fasse jurer de ne rien dire à ses parents. Je fais comment, moi ? Alors là, tout est dans la négo, me dit-elle. Après avoir bien écouté mon Petit-Fils, la meilleure façon de gérer consiste à se mettre en accord avec lui pour justement en parler avec les parents. Ne rien leur dire, c’est aller au devant d’une discorde qui pourrait vous coûter cher et rejaillir sur le cadre sécurisant qu’incarne la famille aux yeux de l’ado. A moi de convaincre Boris, donc, que lâcher le morceau à ses parents nous permettra de mieux l’aider, tout en restant soudés. Un vrai travail d’équilibriste façon Cirque du Soleil, en somme !

5- S’intéresser à lui

Alors là, il va falloir que je me mette à la page. Parler de la mode, des endroits qu’il fréquente, être au parfum des groupes de musique qu’il écoute… Et si vraiment je me sens l’inspiration (le courage ?), faire la surprise à Boris d’acheter deux places pour le concert de son idole et y aller ensemble. Petit moment de solitude : Liliane m’imagine-t-elle déjà en perfecto et bandana dans la fosse de Bercy ? « Une grand-mère dans un concert rock, personne ne s’en moquera, au contraire !, me jure-t-elle. Les jeunes vont adorer ! ». Soit. J’ai tellement bien intégré le truc que je lui promets de lui envoyer un selfie le jour J.

6- Ne surtout pas juger

Que les choses soient claires : être lapidaire ou vindicative quand Boris me raconte sa vie, c’est couper le fil d’emblée. Si je veux avoir une chance de nouer un lien complice avec lui – et ça, c’est merveilleux ! -, mieux vaut l’écouter, et l’écouter vraiment. Comme tous les ados envers leurs aînés, me dit Liliane, votre Petit-Fils va dans un premier temps tester votre écoute. Puis, se libérer. A moi de savoir décoder les messages subliminaux que cache son récit ; ce sera toujours ça de gagné pour la suite, quand il saura qu’il peut être entendu.

7- De la délicatesse, encore et toujours

Boris est de mauvais poil ? Il traîne des pieds ? N’est jamais content de rien ? Parle mal à ses frères et soeurs ? Une seule attitude : continuer à lui parler gentiment. « Et si je suis curieuse de savoir comment s’appelle sa petite amie ? », ai-je osé dans le cabinet de Liliane. « Ah ça, non ! Ne soyez pas intrusive…mais subtile ! ».

Forte de ces 7 clés, je repars le cœur léger et d’attaque pour gérer le moindre état d’âme de Boris. Ça tombe bien : il paraît qu’il est amoureux…

(*) psychanalyste spécialiste de la famille. Auteur de « Le burn out parental », éd. Josette Lyon.

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