Crise sanitaire et Petits-Enfants : lettre d'une pédiatre à tous les Grands-Parents - Grand-Mercredi

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Crise sanitaire et Petits-Enfants : lettre d’une pédiatre à tous les Grands-Parents


Rencontre

Dr Catherine Gueguen

Pour faire le point sur les questions que tout le monde se pose, nous avons rencontré le Docteur Catherine Gueguen, médecin pédiatre, spécialisée dans le soutien à la parentalité, auteur de nombreux ouvrages et Grand-Mère de 4 Petits-Enfants!


Rencontre

Dr Catherine Gueguen

Pour faire le point sur les questions que tout le monde se pose, nous avons rencontré le Docteur Catherine Gueguen, médecin pédiatre, spécialisée dans le soutien à la parentalité, auteur de nombreux ouvrages et Grand-Mère de 4 Petits-Enfants!

Comment les Petits-Enfants vivent-ils cette période de crise sanitaire et comment agir pour leur sérénité même à distance ? Quels sont leurs besoins ? Comment plus que jamais prendre soin les uns des autres en famille ? Pour faire le point sur ces questions, nous avons rencontré le Docteur Catherine Gueguen, médecin pédiatre, spécialisée dans le soutien à la parentalité et auteur de nombreux ouvrages. Ses derniers livres « Lettre à un jeune parent », et « Entre toi et moi » sont parus aux éditions Les Arènes. Le Docteur Catherine Gueguen est aussi Grand-Mère de 4 Petit-Enfants !

Propos recueillis par Ombeline Degermann

D’après votre expertise pédiatrique, votre étude des neurosciences affectives, quels sont les principaux facteurs qui vont favoriser la sécurité, la confiance et l’autonomie de l’enfant ?

DCG


Pour que le cerveau de l’enfant se développe bien, il faut lui donner de l’empathie, c’est le plus important et cela a été prouvé par des études neuroscientifiques. L’empathie c’est d’abord sentir les émotions, ensuite comprendre pourquoi on ressent cette émotion et enfin en prendre soin. Prendre soin de ses émotions est nécessaire pour bien vivre ses relations avec les autres et être heureux. Il n’existe pas d’émotion négative. L’émotion ce n’est ni bien, ni mal, c’est un signal qu’il faut écouter. Cette écoute permet la connaissance et conscience de soi qui sont indispensables pour devenir un adulte solide, équilibré, donner du sens à sa vie et faire les choix qui nous correspondent : qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qui me motive ?

Il faut savoir que jusqu’à 5-6 ans, le cerveau de l’enfant est très immature et il est incapable de gérer ses émotions. C’est pour cela que ses parents et Grands-Parents ont un rôle majeur auprès de lui pour l’aider, grâce à l’empathie, à exprimer ses émotions.

Pour pouvoir être empathique auprès d’un enfant, il faut en tant qu’adulte prendre soin de ses propres émotions, c’est fondamental. Cela peut être difficile car pendant très longtemps les émotions désagréables n’étaient pas admises notamment chez les hommes à qui on disait « il faut être fort ». A cause de cela, beaucoup ont été empêchés d’être connectés à leurs émotions. En revanche, ce qui est merveilleux c’est qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre à être empathique avec soi-même et les autres.

Comment l’aider à exprimer ses émotions ?

DCG


Il faut d’abord mettre des mots sur les émotions, l’adulte propose à l’enfant des mots pour qualifier ce qu’il ressent : te sentes-tu bouleversé, tiraillé, vexé, triste, timide ? Généralement, l’enfant comprend et choisi le mot qui correspond à son émotion. Progressivement, cela va lui permettre de développer ses compétences émotionnelles c’est-à-dire d’exprimer sans culpabilité son émotion en y associant des mots et de savoir y faire face de manière de plus en plus automatique et autonome. C’est une sécurité essentielle pour un enfant.

Aider un enfant à exprimer ses émotions, c’est aussi lui faire confiance et lui dire : je te fais confiance, plus tu vas grandir, plus tu vas apprendre et progresser. La notion de progrès est fondamentale car elle active le cerveau et l’enfant va réellement progresser. J’insiste là-dessus : il ne faut jamais mettre une étiquette négative sur un enfant, des études scientifiques montrent qu’il ne pourra pas progresser.

Le soutien, l’encouragement, l’empathie sont vitales pour le développement d’un enfant, ça modifie le cerveau positivement et déstresse.

Les Grands-Parents ont un rôle très important dans le développement de leur Petit-Enfant mais je crois qu’ils ne doivent pas se mettre en porte à faux avec les parents, qui restent les premiers garants de l’éducation.

Est-ce important de parler à son Enfant/Petit-Enfant de la crise que nous vivons actuellement ?

DCG


Oui très important ! Dans cette crise et de manière générale, le premier rôle des parents et Grands-Parents est d’apporter une sécurité affective et émotionnelle aux enfants en les rassurant. Je leur conseille de dire aux enfants que le virus n’est pas dangereux pour eux. Moi je dis à mes Petits-Enfants que le masque doit être porté à l’école à partir du primaire juste par altruisme, par solidarité avec les plus vulnérables. L’enfant doit toujours comprendre le sens de ce qu’il fait, de ce qui lui est demandé. Jusqu’à présent, à ma connaissance il n’y a pas eu de cluster dans les écoles, les enfants transmettent peu le virus. La transmission se faisant beaucoup plus souvent de l’adulte vers l’enfant que de l’enfant vers l’adulte.

Ensuite, je recommande de rappeler aux enfants que cette période est transitoire, ce ne sera pas tout le temps comme ça.

Enfin, autant que possible, les adultes doivent éviter de transmettre leur stress ou angoisse aux enfants. Le stress un a effet physiologique néfaste sur l’empathie et sur l’immunité.

Des outils peuvent-ils aider à libérer la parole en famille même à distance ?

DCG


Des études montrent que quand on parle des émotions naturellement ensemble, les enfants et adultes vont mieux.

Pour aider, beaucoup d’outils existent comme la roue des émotions qu’il ne faut pas hésiter à utiliser. Mon livre-album pour enfant « Entre toi et moi » a été aussi conçu pour favoriser cette parole. Les retours que j’ai sont très positifs car il fait parler les enfants et fait prendre conscience aux adultes des besoins fondamentaux de l’enfant.

Comment expliquer à son Petit-Enfant que nous ne pouvons pas nous voir même à Noël ?

DCG


Jamais de grands discours avec les enfants, ils n’écouteront pas, il faut utiliser des mots très simples : « le virus n’est pas dangereux pour toi mais il peut l’être pour moi, pour éviter que je sois malade, nous allons encore attendre un peu avant de nous voir ». Encore une fois la parole est d’or !

Quels signes doivent alerter parents et Grands-Parents sur la nécessité de rassurer l’enfant ?

DCG


En ce moment il y a beaucoup de troubles anxieux et dépressifs chez les enfants dû au stress des adultes et à la précarité présente dans de nombreuses familles.

A titre préventif et de manière générale, je crois que les Grands-Parents qui le peuvent ont un rôle à jouer auprès de leurs enfants qui sont eux même parents pour les écouter. Il faut que les parents puissent exprimer ce qu’ils vivent, ce qu’ils ressentent. Cette écoute c’est la première chose qui est importante car exprimer ses émotions réduit le stress et est un chemin vers des solutions possibles.

Cette réduction du stress des parents aura un effet miroir sur les enfants ! C’est la force du collectif intergénérationnel.

AU PROGRAMME :

Des astuces et conseils pour vos Petits-Enfants

Des idées d’activités pour toute la famille

Des dossiers pour vous aider à décoder le monde d’aujourd’hui

Et bien plus…

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