Cela fait maintenant 3 semaines que je suis confiné, mais bien plus longtemps que la solitude me pèse. Lundi, après l’allocution du Président de la République, ma peine s’est renforcée. Je me suis senti plus seul que jamais.
Beaucoup de Grands-Parents, et de familles, savent qu’ils retrouveront leurs proches après ce confinement, qu’ils doivent juste prendre leur mal en patience et faire attention à eux avant tout. Mais quand vous êtes séparés des vôtres depuis très longtemps, il est difficile de positiver. Patienter pour quoi ? La situation me paraît interminable et je n’ai pas cet espoir, ce bonheur, de me dire qu’après tout cela, je reverrai ma famille.
Père d’une fille et d’un fils, j’ai perdu ma femme il y 5 ans. Cet évènement terrible a marqué le début de l’enfer pour moi. Entre disputes, incompréhensions et déchirements, mes enfants ne veulent plus me voir. Et avec toutes ces histoires, je suis privé de mes Petits-Enfants. Cela fait 5 ans que je vis seul, que je me sens seul et que je pense seul. Écouter les histoires et les souvenirs de mes amis Grands-Parents, qui passent du temps avec leurs Petits-Enfants, est bien plus dur encore et m’a poussé à m’isoler.
Ce confinement m’a permis d’ouvrir les yeux, de réfléchir et de me redécouvrir.
Ma fille Eliane, mon fils Jean, vous me manquez plus que jamais. Mes Petits-Enfants, Léa, Gaspard, Nicolas, j’aimerais pouvoir remplir correctement mon rôle de Grand-Père et vous revoir.
Je regrette bien des choses, et je voudrais m’en excuser aujourd’hui.
Ma vie a pris un mauvais tournant il y a 5 ans, et aujourd’hui, je voudrais qu’elle en prenne un nouveau. Un appel, une lettre… Comment leur exprimer mon affection et ma volonté d’arranger les choses ?
Des regrets, des remords, de la solitude et beaucoup de tristesse, ce sont les sentiments que j’éprouve au moment où je vous écris. J’aimerais pouvoir me dire qu’un jour, tout ira mieux.
Un Grand-Père seul, confiné et en manque de ses enfants et Petits-Enfants.
