Je m’appelle Agnès, et j’ai 3 Petits-Enfants merveilleux… Que je n’ai pas vus depuis deux ans

Je m’appelle Agnès, et j’ai 3 Petits-Enfants merveilleux… Que je n’ai pas vus depuis deux ans

Confessions

Presque deux ans. Une éternité que je ne les ai plus vus, moi la Grand-Mère de trois merveilleux Petits-Enfants.
La dernière fois que j’ai pu les serrer dans mes bras c’était à Noël, et c’était en 2015. Ma belle-fille m’avait gentiment invité à passer le réveillon dans sa famille pour que je puisse profiter de mon fils Pierre, et de ses trois adorables enfants.

J’ignorais évidemment que c’était la dernière fois que je les voyais, la dernière fois que je les entendais m’appeler Mamou avant un long, un très long moment. Mamou, c’est mon petit nom de Grand-Mère, c’est Pierre qui l’avait choisi après des heures de réflexion.
Mais à quoi bon au final, nous qui allions être séparés pendant si longtemps.

Tout a commencé en Janvier 2016, quelques jours après le réveillon de Noël mon fils vient m’annoncer qu’ils déménagent.
Nous habitions depuis toujours dans le même quartier, à Lille. Puis là soudainement c’est le choc. Je comprends que la distance affectera obligatoirement nos relations.

Qu’aurais-je pu faire ou dire ? Tenter de les retenir ? Non. J’ai pris sur moi et j’ai réagi comme n’importe laquelle des mamans, j’ai félicité mon fils pour cette promotion en lui souhaitant bonne chance dans sa nouvelle vie.

Vous vous dites sûrement que j’exagère et que la distance qui nous sépara n’est pas si grande ?
1 000 km ! … Et pour moi qui ne conduit presque jamais et encore moins sur l’autoroute c’est immense.

Après son départ, j’ai commencé à réaliser combien mes Petits-Enfants me manquaient, combien je les aimais.
Les journées étaient longues, les mercredis après-midi où j’avais l’habitude de les garder à la maison étaient assurément la journée la plus triste de la semaine.

J’avais surtout développé une fâcheuse manie : je regardais sans cesse les photos de mes Petits-Enfants dans mon téléphone, je feuilletais les albums et restais prostrée des heures devant les adorables dessins qu’ils m’avaient fait pendant toutes ces années.

Là-encore je crois savoir ce que vous vous imaginez ? Est-ce que j’allais moi aussi déménager pour les retrouver ?
Et bien j’y ai pensé figurez-vous.  Mais j’ai surtout pensé à eux en priorité. Eux qui avaient l’air si heureux de découvrir une nouvelle vie, un cadre de vie entouré par la mer et la chaleur des Marseillais. Je me suis dit qu’il n’avait pas besoin de moi finalement et que c’était moi qui égoïstement avait plus besoin d’eux.

Cette année 2016 a été une année triste pour la Grand-Mère que je suis, où que je sois finalement.
D’autant qu’à Noël, mon fils a passé le réveillon chez sa belle-mère. Quelques 400 km de chez moi… Là encore, impossible pour moi de les retrouver et pourtant ils me manquaient terriblement, douze mois après leur départ.

La vie continue malgré tout et nous nous retrouverons au printemps 2017.  Je suis décidée à parler à Pierre. Je lui téléphone pour lui dire que je veux absolument les voir pendant les vacances d’été et que c’est une obligation. Je me souviendrai toute ma vie de ce coup de téléphone, c’est la première fois où j’ai osé lui dire ce que je ressentais au fond de moi et combien j’étais malheureuse sans eux, depuis que ma petite tribu avait explosée.

Mon fils tombe des nues. Il n’avait aucunement conscience que j’étais à ce point affectée, moi qui avais tenu à le préserver. Il s’effondre, comme s’il avait pris conscience qu’être une mère et une Grand-Mère était un état, et que lorsqu’on ne l’est plus, on n’est plus rien… tout s’écroule autour de soi.

Je reprends peu à peu des forces et cette conversation me met du baume au cœur, persuadée que je vais pouvoir les retrouver très vite. Je commence à me préparer à leur venue même trois mois avant, eux qui ne viendront pas avant le 15 août. Ce n’est pas grave, ça m’occupe. J’économise pour pouvoir les gâter. J’avais d’ailleurs calculé qu’il restait 90 jours avant leur venue et que si je mettais 1€
de côté par enfant et par jour jusqu’à leur venue j’aurai presque 300€. De quoi les couvrir de cadeaux.

Nous sommes le 16 Juillet, je m’en souviens puisque dans ma tête nous avions passé symboliquement la barre du « J-30 ».
Je me sentais de mieux en mieux. L’excitation était intense.
Un coup de téléphone, c’est Pierre au bout du fils. Une voix sombre. J’ai tout de suite compris ce qui se passait. Ils n’allaient pas pouvoir venir.  Je reste bouche bée. Je préfère m’assoir. Il me parle de son travail et m’explique qu’il a dû repousser ses vacances.
Je le sens peiné. Je le sens bizarre. Vous savez quand on sait que son fils ne va pas bien mais que vous savez aussi qu’il ne vous dira rien….

L’été se passe malgré tout. Je n’avais pas pour autant arrêté de remplir ma petite cagnotte, comme si inconsciemment je pensais que j’allais les voir, un matin, passer le portail.
Un indice me disait tout de même que je n’étais pas folle et que j’avais raison de continuer à y croire : ils ne m’envoyaient plus aucune carte postale. La dernière remontait à début Juillet. Étrange….
La Poste est parfois négligente sur mon courrier mais un mois de retard… Non.

Nous sommes le lundi 14 septembre 2017, c’est ma belle-fille au bout du fil. Premier fait étrange, bien que nos relations soient excellentes, nous nous téléphonons rarement.
Quelques instants plus tard, je trouve mes trois Petits-Enfants derrière le portail de mon pavillon. Un choc énorme. J’étais comme paralysée. Je vacillais littéralement et à ce moment précis, mes jambes ne me portaient plus. J’ai dû m’assoir.
Tellement choquée finalement, que je n’ai même pas pensé à leur ouvrir le portail. Je les entends encore hurler, « Mais Mamou ouvre-nous ! »

Deux heures plus tard. Nous sommes tous les 6 dans le salon, à ce moment-là je ne savais pas combien de temps ils allaient rester mais j’avais trouvé la voiture très chargée pour quelques jours de vacances. Mon fils m’annonce que sa mission est terminée et qu’ils reviennent s’installer dans la région.
La délivrance, s’en est suivie de larmes de joie. Pudiquement, je ne raconterai pas en détails ce moment si intense, qui nous appartient.

3 semaines plus tard.
En plus des mercredis après-midi, mes Petits-Enfants dorment à la maison tous les trois une fois par semaine. La tribu est recomposée et croyez-moi on fait des tas de bêtises ! Et vous devinerez jamais ? La cagnotte atteint désormais 1000€.
J’ai quelque peu intensifié mes économies c’est vrai, mais c’est pour les inviter tout un week-end dans un célèbre parc d’attraction !

Bon il est vrai que Pierre a depuis déménagé aux États-Unis. Non évidemment je plaisante, ils sont toujours là à côté de la maison et ils sont même encore plus proches qu’à l’époque.

Voilà c’est mon histoire. Celle d’une mère et d’une Grand-Mère comblée qui a failli tout perdre.
Celle j’imagine de nombreuses familles brisées par la distance. On a souvent coutume de penser que rien n’est jamais définitif, et mon dieu que c’est vrai !

A mon fils Pierre et mes trois Petits-Enfants que j’aime tant.

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