Interview : quels sont les droits des Grands-Parents ? - Grand-Mercredi

Rencontre

Caroline Elkouby-Salomon

Caroline Elkouby-Salomon est une avocate au barreau de Paris, spécialisée en droit de la famille. Comme chaque année, elle vient de participer aux Etats généraux du droit de la famille et du patrimoine. En 5 points essentiels, elle répond aux questions de Grand-Mercredi sur le sujet épineux du droit des Grands-Parents envers leurs Petits-Enfants.


Rencontre

Caroline Elkouby-Salomon

Caroline Elkouby-Salomon est une avocate au barreau de Paris, spécialisée en droit de la famille. Comme chaque année, elle vient de participer aux Etats généraux du droit de la famille et du patrimoine. En 5 points essentiels, elle répond aux questions de Grand-Mercredi sur le sujet épineux du droit des Grands-Parents envers leurs Petits-Enfants.

En cas de séparation des parents, comment éviter que les relations avec eux s’enveniment ?

C. E.-S.



Le conflit existant entre les parents ne doit pas venir interférer avec la relation grands-parents/petits-enfants. C’est malheureusement parfois le cas. Il m’est ainsi arrivé de recevoir à mon cabinet une grand-mère qui ne voyait plus son petit-fils depuis 2 mois. Il y avait une rupture de communication entre son fils et elle, lequel ne voulait pas lui avouer qu’il rencontrait des difficultés dans son couple. Il a fallu apaiser les choses en envoyant des lettres recommandées. L’inquiétude est légitime, en cas de séparation, mais le mieux est de rester à sa place de grands-parents et, surtout, de maintenir le dialogue avec ses petits-enfants sans prendre parti.

Les grands-parents ont des droits, mais quels sont-ils exactement ?

C. E.-S.


Ils en ont, oui, et ceux-ci sont plus importants que ce que j’imaginais moi-même. La jurisprudence indique en effet qu’un enfant a le droit d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants. Et bien qu’ils ne soient pas détenteurs de l’autorité parentale, ils peuvent prétendre à un droit de visite. Il faut pour cela saisir le juge aux affaires familiales, et ce dès que l’on observe les premiers signes de tension. En effet, la procédure est plus longue et fastidieuse que pour un droit de visite et d’hébergement « classique » entre parents, soit environ 1 an au lieu de 3 mois.

Quelle est la décision la plus fréquemment rendue ?

C. E.-S.



Si le climat relationnel n’est pas trop pollué, les grands-parents peuvent espérer obtenir un droit de visite et d’hébergement correspondant à 1 mercredi après-midi sur deux et une petite partie des vacances scolaires de Noël et de juillet/août. Le juge évite en revanche d’empiéter sur le week-end, un temps que les parents aiment consacrer à leurs enfants.

Les parents – ou l’un des deux parents – peut-il contester la décision rendue ?

C. E.-S.



Il peut effectivement faire appel, comme pour n’importe quelle décision de justice. Mais il devra alors prouver que la relation que l’enfant entretien avec son ou ses grand(s)-parent(s) est contraire à son intérêt. Et de cela, il faut apporter la preuve. De la même façon, les grands-parents doivent apporter à l’audience des éléments précis démontrant qu’ils sont empêchés de voir leur(s) petit(s)-enfant(s), comme par exemple des traces de leurs demandes mais aussi des refus qui leur ont été opposés. Or, apporter les preuves d’une absence de relation n’est pas ce qu’il y a de plus simple. De la même façon, le juge peut considérer que l’environnement relationnel est trop sous tension pour que l’enfant vive de façon sereine tout séjour ou moment passé avec ses grands-parents; dans le cas où il considèrerait que l’enfant bénéficie d’une ambiance plus sereine chez ses parents, le droit de visite peut être refusé aux grands-parents.

Qu’est-ce que le droit de correspondance ?

C. E.-S.



Un droit acquis notamment par les grands-parents, leur permettant de communiquer avec leurs petits-enfants par téléphone, par courrier, par Skype, et même par mail. Il peut tout à fait venir compléter un droit de visite accordé aux grands-parents et prendre la forme d’un appel téléphonique hebdomadaire (à l’initiative de l’adulte, un enfant ne pouvant y être contraint). Avant d’en arriver là, toutefois, le juge tentera une médiation familiale, qui reste encore dans certains cas le meilleur moyen de préserver la sérénité des rapports.

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