L’annonce d’un éloignement géographique des Petits-Enfants est souvent mal vécue par les Grands-Parents. Quel conseil leur donneriez-vous pour bien se préparer à ce changement ?
LH
Il faut avant tout faire attention à ne pas trop montrer une tristesse, ou une forme de déprime, à l’annonce de ce qui est d’abord une progression dans la vie de ses enfants. Pour eux, il s’agit en effet d’une remise en question de leur organisation, qui s’accompagne d’un nouvel emménagement, voire d’un changement de culture, mais aussi de préoccupations ayant trait aux Petits-Enfants.
Il est normal que cet éloignement soit vécu comme une deuxième séparation ; et celle-ci est d’autant plus éprouvante que les Petits-Enfants partent aussi. Le grand challenge à ce moment-là, est de ne pas peser sur leurs enfants ; et plutôt d’encourager leurs Petits-Enfants – qui eux aussi se posent beaucoup de questions – dans le changement qui s’opère. Leur rôle de réconfort, pour aider tout le monde à voir les choses positivement, est fondamental.
Est-il cependant normal que les Grands-Parents se sentent « dépossédés » et craignent d’être oubliés de leurs Petits-Enfants ?
LH
Bien sûr. Eprouver de la tristesse est chose normale. Mais celle-ci ne doit être que momentanée. Avoir des enfants et des Petits-Enfants est un bonheur qui doit venir s’ajouter à une complétude que l’on a déjà soi-même. Ils sont un épanouissement supplémentaire ; pas un remplacement !
Comment parvenir à tisser un lien solide avec ses Petits-Enfants à des centaines ou milliers de kilomètres ? Et comment se sentir impliqué dans les grands moments de la vie familiale ?
LH
Nous sommes d’accord : ni Skype, ni une webcam, ni les mails, ni le téléphone ne remplaceront jamais les bras ou la spontanéité d’un câlin. Cela étant, en tant que Grand-Mère n’hésitez pas à prendre un cours d’informatique, en 2h vous serez au niveau pour communiquer avec vos Petits-Enfants à tout moment, et ce quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Et puis, en retour, il est essentiel que les parents les fassent participer à leur façon, en partageant avec eux une petite vidéo du spectacle de danse ou quelques images des grands moments comme les anniversaires. Alors, les Grands-Parents pourront dire : « Mais oui, je t’ai vue danser sur le petit film que maman m’a envoyé », et le lien sera maintenu. Mais il est une chose tout aussi fantastique et qui s’est un peu perdue : envoyer des petits colis. Pour maintenir une complicité avec ses Petits-Enfants, rien de tel qu’une boîte que l’on aura pris soin de remplir de petites surprises, même sans grande valeur marchande (un pot de confiture du jardin, des bonbons que l’on a l’habitude de trouver chez ses Grands-Parents, des gâteaux…), plein de trésors à découvrir et qui rappellent des souvenirs. Rien ne peut faire plus plaisir à un enfant qui vit en Chine ou à New York que d’ouvrir un colis affranchi de jolis timbres français, dans lequel il respirera aussi le parfum diffus de sa Grand-Mère. Même chose pour les cartes ou les lettres adressées à leur nom, qui arrivent dans la boîte aux lettres : ça, pour des enfants, c’est le bonheur intégral ! Et là, le lien perdure, grâce à la connivence engendrée par tous ces petits trésors qui se gardent précieusement.
Lorsque Grands-Parents, enfants et Petits-Enfants ont enfin la chance de se revoir – pour les vacances ou au moment des fêtes de fin d’année – pas facile de se positionner… Comment retrouver ses repères ?
LH
Les retrouvailles avec les enfants et Petits-Enfants ont beau se faire simultanément, et parfois sur une période limitée dans le temps, il ne faut pas oublier que les parents sont « les enfants des Grands-Parents » et leurs montrer beaucoup d’enthousiasme car eux aussi ont besoin de « refaire le plein » d’énergie et d’affection. Et puis, n’hésitez pas à jouer à fond votre rôle de Grand-Mère en les délestant des petits, afin qu’ils puissent voir leurs amis. Pendant ces périodes où les emplois du temps sont chargés, on se doit, en tant que Grands-Parents, d’amener de la facilité et de la sérénité au sein de la famille.
Certains Grands-Parents peuvent en outre craindre de privilégier les Petits-Enfants restés près d’eux, redoutant du même coup de ne pas transmettre autant à ceux qui sont loin. Quels conseils leur donneriez-vous ?
LH
Ne pas privilégier ceux qui sont proches réclame une grande vigilance et la nécessité de tout le temps établir des passerelles entre tous les petits cousins. Par exemple, en parlant des uns aux autres ou en racontant quelques anecdotes pour créer du lien ; tout ce que les parents n’ont pas toujours le loisir de faire, en somme. Mais il est parfaitement logique d’avoir peur d’aimer davantage ceux qui restent. Personnellement, en tant que Grand-Mère d’un Petit-Fils vivant en province, j’ai fait le choix de tenir un journal que je lui donnerai quand il sera plus grand. J’y note tantôt mes pensées, tantôt une recette ; je décris une étoile que j’ai pris le temps d’observer, les petites choses extraordinaires qui me sont arrivées dans la journée. C’est le moyen que j’ai trouvé pour lui transmettre mes découvertes sur la nature, la philosophie, la psychologie… Mais c’est aussi une manière de lui raconter « moi ».
Si d’autres vous viennent à l’esprit, n’hésitez pas à nous écrire (courrier@grand-mercredi.com) et nous ferons tout pour vous donner les clés !