Les Petits-Enfants débordent d’imagination … Pour de bonnes raisons ! - Grand-Mercredi

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Les Petits-Enfants débordent d’imagination … Pour de bonnes raisons !


Rencontre

Interview Liliane Holstein

Psychanalyste spécialiste des enfants, des relations parents-enfants et de la Grand-Parentalité.


Rencontre

Interview Liliane Holstein

Psychanalyste spécialiste des enfants, des relations parents-enfants et de la Grand-Parentalité.

Nous avons rencontré Liliane Holstein, psychanalyste et auteure de nombreux ouvrages*, qui nous a rappelé la place de l’imaginaire dans le développement de l’enfant, et le rôle important qu’y jouent les adultes.

Quelle place a l’imagination dans le développement des enfants ?

L.H.


Il s’agit d’abord d’un soutien psychologique, d’une bulle antidépresseur. Pour un enfant, chaque journée est une nouvelle aventure dans un monde qui lui fait peur. Il est alors obligé de se construire un imaginaire pour se rassurer. Les personnages qu’il crée l’apaisent, le rassurent, et semblent le protéger.
Ensuite, c’est aussi un facteur de croissance. Pendant que l’enfant fait travailler son imaginaire, ses neurones croissent dans tous les sens. Plus on stimule son imaginaire, plus il y a une extension extraordinaire de ses capacités cérébrales.
Cet univers, cet imaginaire est absolument vital pour un enfant, on pourrait même dire que c’est une fonction endogène.

Qu’est-ce qui favorise l’imagination dans la vie d’un enfant ?

L.H.


Plus vous donnerez de liberté à un enfant au niveau de sa créativité, plus il aura d’imagination. Les enfants peuvent broder et développer une histoire à partir de rien.
Ce qui donne aux enfants l’envie de continuer à imaginer, c’est de voir la joie que ça provoque chez l’adulte. Aux adultes référents de savoir rire avec eux, de ne pas critiquer l’imaginaire de l’enfant, de ne pas le brider. Un enfant a besoin d’être complimenté, encouragé et de voir que l’adulte s’intéresse à ce qu’il fait. Qu’il s’agisse d’un parent ou d’un Grand-Parent, voir que son imagination provoque de la joie donne à l’enfant la confiance pour aller plus loin, pour élargir sa créativité.
La seule limite qui doive exister à l’imagination de l’enfant, et c’est aux adultes de la poser, ce sont ses propres pulsions. Jusqu’à 7, 8 ans, l’enfant a des pulsions naturelles, souvent agressives, qu’il faut savoir contrôler. Si, dans son imaginaire, l’enfant montre de telles tendances, il faut savoir toujours le ramener à des choses positives. Pour tout le reste, il faut ouvrir les portes pour que l’enfant sente qu’il peut y aller en confiance.

Comment aider son Petit-Enfant à créer et cultiver son imagination ?

L.H.


Il faut donner du temps aux enfants. C’est une grande problématique de notre monde actuel : les enfants sont submergés par des activités, des emplois du temps de ministres. Ils n’ont plus le temps de s’ennuyer. Or, l’ennui est extraordinaire, il est hautement créatif. C’est dans ces moments de flottements que l’imaginaire se débride.

Y a-t-il des jeux ou activités à faire en famille qui participent au développement de l’imagination ?

L.H.


Les Grands-Parents ont un véritable rôle à jouer dans ces moments-là, car ils ont plus de patience, plus de temps. Ils peuvent par exemple jouer au jeu du Cadavre Exquis avec leur Petit-Enfant. L’enfant commence une histoire, avec une ou deux phrases et l’adulte la poursuit. Puis, chacun son tour, on augmente la contenance de l’histoire. On peut aussi y jouer avec un dessin, ou des chansons. Cela permet de développer la créativité, l’imagination, surtout quand l’adulte encourage l’enfant. Il ne faut pas hésiter à tirer le fil jusqu’au bout, et à faire dans l’extravagant, à sortir des sentiers battus. Aujourd’hui, on est un peu trop sage, trop lisse, on cherche à faire des choses parfaites, cela bride l’imaginaire des plus jeunes. Ils ont besoin de voir les adultes chanter, danser avec eux dans le salon. Bref, ils ont besoin de voir des adultes un peu dingues de temps en temps.

Auriez-vous un conseil à donner à des Grands-Parents qui se sentent perdus face à l’imagination de leurs Petits-Enfants ?

L.H.


Il faut écouter l’enfant, c’est lui qui peut apporter la réponse.
Si un enfant a cueilli une framboise dans un jardin et qu’il est en train de l’écraser sur une feuille, il ne faut pas le disputer. Au contraire. Il faut lui dire que ce qu’il fait est génial, que l’on n’y avait pas pensé soi-même (à force de faire des confitures) et qu’on va essayer de peindre avec cette belle couleur d’aquarelle… On n’est pas obligé soi-même d’avoir de l’imagination, mais on peut se laisser guider par celle de l’enfant, et tirer le fil, en allant dans son sens. Il faut essayer de retrouver sa propre enfance, parce que tous les adultes ont fait ça étant enfant, avant qu’on ne les bride…

*Le Burn-Out Parental, Liliane Holstein, Édition Josette Lyon, 2014

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