D’aussi loin que je me souvienne, ma relation avec mon père a toujours été compliquée, voire conflictuelle. Au fil des années, les incompréhensions ont laissé place à de l’agacement et la communication est devenue de plus en plus difficile. Cependant, je pars du principe que ce problème de communication ne nous concerne que nous, qui sommes deux adultes et que mon fils, autrement dit, son Petit-Fils, ne doit en aucun cas être mêlé de près ou de loin à ces conflits de longue date. Mon souhait le plus cher est donc que mon fils soit proche de mon père, qu’il puisse lui transmettre de nombreuses choses et que leur relation soit la plus belle possible.
Malheureusement, la réalité est parfois éloignée de nos souhaits. Mon fils grandissant, je multipliais les visites chez mon père. À chacune de nos venues, je sentais chez lui une certaine réticence, plus ou moins modérée selon les jours… D’une manière générale, il ne portait que très peu d’attention à mon fils, jusqu’à la fois où il a prononcé cette phrase qui trotte dans ma tête depuis des mois. Mon petit Alexis adore les jeux de société et cherche toujours un partenaire de jeu. Après qu’il l’avait longuement supplié, mon père avait finalement accepté de faire quelques parties. J’en ai profité pour les laisser entre eux, et je me suis absentée pour faire quelques courses. Une fois de retour chez mon père, il a exigé que je lui “verse un salaire”, pour reprendre ses mots. Je n’ai pas immédiatement saisi à quoi il faisait référence, j’ai souri et je lui ai demandé de quel salaire il s’agissait. Ma surprise fut grande quand je l’ai entendu me répondre avec un certain aplomb « pour ça ! », en faisant référence à mon fils. J’ai d’abord pensé à une plaisanterie, puis il a ajouté, sur un ton tout aussi agacé « tu n’as qu’à t’en occuper toi, moi c’est pas mon job, je vais faire un tour ! ». Le ton est monté et nous nous sommes quittés fâchés.
Je n’ai pas compris cette attitude qui m’a semblée déplacée et qui m’a profondément choquée. Après plusieurs mois sans nouvelles, je souhaite aujourd’hui renouer le contact avec mon père, car il me semble important que mon fils puisse tisser des liens avec son Grand-Père, mais je ne sais pas si son Grand-Père lui-même en éprouve l’envie. Cette histoire m’a laissé un goût amer, et je me sens aujourd’hui désemparée face à la situation.
Émilie, 37 ans.
