Si mes souvenirs sont bons, je l’ai adoptée très peu de temps après être devenue Grand-Mère.
Je savais qu’on allait bien s’entendre avec cette drôle de Tripp Trapp : elle était sûre, sobre et conviviale par nature. Plus besoin de hisser mon petit-fils sur deux coussins et demi pour faire des sablés et plaisir absolu de voir ma petite-fille dessiner aussi droit que sa colonne vertébrale. Même les bébés pouvaient goûter comme tout le monde à mon poulet rôti du dimanche sans être condamnés à un panorama ras des souliers !
Mes petits-enfants y sont tous passés, demeurant quel que soit leur âge « à la hauteur » : petits apprenant à manger seul, moyens dépossédés de leur bavoir, pré-ados penchés sur leurs devoirs, ados me défiant au Scrabble, jeunes adultes en panne d’inspiration et, avant eux, parents réunis pour le meilleur.
Des années que cette chaise trône au bout de ma table. Elle n’existe que chez moi ; la preuve, c’est écrit dessus.
D’un mercredi à l’autre, de week-end en week-end, vacances après vacances, elle a même fini par devenir LA place que toute ma tribu s’arrache.
Pour elle, me voici donc devenue arbitre : lors de chaque repas, c’est le plus méritant qui a l’insigne honneur d’y poser son séant !
Jolie récompense, vous dis-je !