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Perla Servan-Schreiber - portrait interview

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L’interview de Perla Servan-Schreiber

Perla Servan-Schreiber a accepté d’accorder une interview à Grand-Mercredi. L’auteure culinaire de La cuisine de Perla (2015, éd. La Martinière) ou encore des Recettes de ma vie : 200 recettes saines, simples et savoureuses (2019, Flammarion) et essayiste (Les promesses de l’âge, 2018, Flammarion) se livre en cette période particulière de confinement. Voici ses recettes de vie.

L’interview de Perla Servan-Schreiber par Grand-Mercredi

Grand-Mercredi : Bonjour Perla, comment allez-vous ?

Perla Servan-Schreiber : Le mieux possible, merci.

G.M. : Dans votre livre Ce que la vie m’a appris, vous parlez de votre ambition intime qui est l’acceptation joyeuse de la réalité. Comment la cultivez-vous en cette période de confinement ?

P.S. : Je la cultive depuis de très nombreuses années pour pouvoir réagir le mieux possible dans des circonstances comme celle que nous vivons. Lorsqu’un événement anxiogène se produit, auquel on ne peut rien, comme ce confinement, je décide seulement de l’accepter pour le vivre au mieux, tranquillement et en veillant sur les miens, jusqu’à ce que ça passe.

# Astuces de Perla Servan-Schreiber pour demeurer dans la joie

G.M. : Si vous deviez partager 2 astuces faciles du quotidien pour cultiver cette acceptation joyeuse de la réalité, quelles seraient-elles ?

P.S: Pour rester sur le confinement : je me donne comme mission première de changer cette contrainte en opportunité.

J’ai plus de temps à la maison que je n’en ai jamais eu. Alors comme j’aime faire la cuisine, m’occuper des autres, transmettre et partager : ce moment est idéal pour m’y consacrer. Je redécouvre aussi, comme beaucoup, la joie de se parler au téléphone. Quand je fais ce que j’aime, la joie s’installe en lieu et place de la peur. Je vis au jour le jour et je dis merci pour aujourd’hui.

# Les 5 minis-questions à notre invitée, pour nous aider à regarder DEMAIN

G.M. : Si vous deviez associer 3 mots à DEMAIN ?

P.S. : Embrasser, se réunir, voyager.

G.M. : Qu’espérez-vous que cette période inédite changera DEMAIN dans notre quotidien déconfiné et dans nos vies de famille retrouvées ?

P.S. : J’espère que nous cultiverons tous chaque jour le souci de l’autre.

G.M. : Si vous deviez formuler un vœu pour DEMAIN, quel serait-il ?

P.S. : Je souhaite que vieillir en bonne santé soit possible.

G.M. : Il y a beaucoup d’inconnues sur notre monde, notre société, notre vie de DEMAIN. La vie vous a-t-elle donné des outils pour accueillir les angoisses, les peurs qui peuvent en découler ?

P.S. : J’ai appris à ne plus m’angoisser pour ce qui ne dépend pas de moi et agir pour ce qui dépend de moi, tel est le secret de ma liberté.

G.M. : Quelles retrouvailles imaginez-vous DEMAIN avec toute votre famille ?

P.S. : J’imagine que je les prendrai tous, intensément, dans mes bras !

G.M. : Vous qui adorez cuisiner et êtes l’auteure de nombreux livres de recettes, quelle recette réconfortante auriez-vous envie de partager avec nos lecteurs ?

P.S. : Je vous recommande le pain complet aux abricots secs et aux amandes : un pur bonheur !

Grand-Mercredi ne peut que vus conseiller la lecture ou relecture des ouvrages de notre écrivain.

La « voice note » de Perla Servan-Schreiber, invitée téléphonique confinée de Grand-Mercredi

Dans « Merci pour aujourd’hui », Perla Servan-Schreiber vous confie en toute simplicité deux de ses secrets de vie. Pour les découvrir… il suffit d’écouter ! Indices :

  • Il y a un lien avec les Petits-Enfants.
  • Carpe diem, pour le meilleur et pour le pire.

Bonne écoute, dans la joie de ces découvertes !

Dans un autre registre, et en mode déconfiné, partez à la rencontre de Alain Baraton, Jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand Parc de Versailles.

Vivre loin de ses Petits-Enfants n’est pas chose facile à accepter. Psychanalyste spécialiste des enfants, des relations parents-enfants et de la Grand-Parentalité, Liliane Holstein* nous livre les clés d’une relation épanouie entre Grands-Parents et Petits-Enfants. Interview.

Cette semaine, j’ai eu envie de répondre aux nombreuses questions que se posent toutes les Grand-Mères qui vivent loin de leurs Petits-Enfants. Pour cela, je suis allée à la rencontre d’une femme dont le métier est de trouver les clés aux questions de la famille. Bonne lecture à toutes !

L’éloignement géographique : un changement pour les Grands-Parents comme pour les Petits-Enfants

Grand-Mercredi : L’annonce d’un éloignement géographique des Petits-Enfants est souvent mal vécue par les Grands-Parents. Quel conseil leur donneriez-vous pour bien se préparer à ce changement ?

Liliane Holstein : Il faut avant tout faire attention à ne pas trop montrer une tristesse, ou une forme de déprime, à l’annonce de ce qui est d’abord une progression dans la vie de ses enfants. Pour eux, il s’agit en effet d’une remise en question de leur organisation, qui s’accompagne d’un nouvel emménagement, voire d’un changement de culture, mais aussi de préoccupations ayant trait aux Petits-Enfants.
Il est normal que cet éloignement soit vécu comme une deuxième séparation ; et celle-ci est d’autant plus éprouvante que les Petits-Enfants partent aussi. Le grand challenge à ce moment-là, est de ne pas peser sur leurs enfants ; et plutôt d’encourager leurs Petits-Enfants – qui eux aussi se posent beaucoup de questions – dans le changement qui s’opère. Leur rôle de réconfort, pour aider tout le monde à voir les choses positivement, est fondamental.

G.-M. : Est-il cependant normal que les Grands-Parents se sentent « dépossédés » et craignent d’être oubliés de leurs Petits-Enfants ?

L.H. : Bien sûr. Eprouver de la tristesse est chose normale. Mais celle-ci ne doit être que momentanée. Avoir des enfants et des Petits-Enfants est un bonheur. Il doit venir s’ajouter à une complétude que l’on a déjà soi-même. Ils sont un épanouissement supplémentaire ; pas un remplacement !

Maintenir le lien avec ses Petits-Enfants quand on vit loin d’eux : c’est possible

G.-M. : Comment parvenir à tisser un lien solide avec ses Petits-Enfants à des centaines voire à des milliers de kilomètres ? Et comment se sentir impliqué dans les grands moments de la vie familiale ?

# La magie de l’informatique quand on vit loin de ses Petits-Enfants

L.H. : Nous sommes d’accord : ni Skype, ni une webcam, ni les mails, ni le téléphone ne remplaceront jamais les bras ou la spontanéité d’un câlin. Cela étant, en tant que Grand-Mère, n’hésitez pas à prendre un cours d’informatique. En 2h vous serez au niveau pour communiquer avec vos Petits-Enfants à tout moment, et ce quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Et puis, en retour, il est essentiel que les parents les fassent participer à leur façon, en partageant avec eux une petite vidéo du spectacle de danse ou quelques images des grands moments comme les anniversaires. Alors, les Grands-Parents pourront dire : « Mais oui, je t’ai vue danser sur le petit film que maman m’a envoyé », et le lien sera maintenu.

# Retrouver le goût des choses simples à préparer et envoyer à ses Petits-Enfants

Mais il est une chose tout aussi fantastique et qui s’est un peu perdue : envoyer des petits colis. Pour maintenir une complicité avec ses Petits-Enfants, rien de tel qu’une boîte que l’on aura pris soin de remplir de petites surprises. Même sans grande valeur marchande (un pot de confiture du jardin, des bonbons que l’on a l’habitude de trouver chez ses Grands-Parents, des gâteaux…), voilà plein de trésors à découvrir ou redécouvrir, et qui rappellent des souvenirs.
Rien ne peut faire plus plaisir à un enfant qui vit en Chine ou à New-York que d’ouvrir un colis affranchi de jolis timbres français. Il y respirera aussi le parfum diffus de sa Grand-Mère. Même chose pour les cartes ou les lettres adressées à leur nom, qui arrivent dans la boîte aux lettres : ça, pour des enfants, c’est le bonheur intégral ! Et là, le lien perdure, grâce à la connivence engendrée par tous ces petits trésors qui se gardent précieusement.

Les retrouvailles après l’éloignement : rester spontané avec ses Petits-Enfants

G.-M. : Lorsque Grands-Parents, enfants et Petits-Enfants ont enfin la chance de se revoir – pour les vacances ou au moment des fêtes de fin d’année – pas facile de se positionner… Comment retrouver ses repères ?

L.H. : Les retrouvailles avec les enfants et Petits-Enfants ont beau se faire simultanément, et parfois sur une période limitée dans le temps, il ne faut pas oublier que les parents sont « les enfants des Grands-Parents ». Il est nécessaire de leur montrer beaucoup d’enthousiasme, car eux aussi ont besoin de « refaire le plein » d’énergie et d’affection. Et puis, n’hésitez pas à jouer à fond votre rôle de Grand-Mère en les délestant des petits. Comme ça, ils peuvent voir leurs amis. Pendant ces périodes où les emplois du temps sont chargés, on se doit, en tant que Grands-Parents, d’amener de la facilité et de la sérénité au sein de la famille.

Petits-Enfants proches ou éloignés géographiquement : on les aime tous autant !

G.-M. : Certains Grands-Parents peuvent en outre craindre de privilégier les Petits-Enfants restés près d’eux, redoutant du même coup de ne pas transmettre autant à ceux qui sont loin. Quels conseils leur donneriez-vous ?

L.H. : Ne pas privilégier ceux qui sont proches réclame une grande vigilance et la nécessité de tout le temps établir des passerelles entre tous les Petits-Enfants. Par exemple, en parlant des uns aux autres ou en racontant quelques anecdotes pour créer du lien. Tout ce que les parents n’ont pas toujours le loisir de faire, en somme.
Mais il est parfaitement logique d’avoir peur d’aimer davantage ceux qui restent. Personnellement, en tant que Grand-Mère d’un Petit-Fils vivant en province, j’ai fait le choix de tenir un journal que je lui donnerai quand il sera plus grand. J’y note tantôt mes pensées, tantôt une recette. Je décris une étoile que j’ai pris le temps d’observer. Et les petites choses extraordinaires qui me sont arrivées dans la journée. C’est le moyen que j’ai trouvé pour lui transmettre mes découvertes sur la nature, la philosophie, la psychologie… Mais c’est aussi une manière de lui raconter « moi ».

Si d’autres questions vous viennent à l’esprit, n’hésitez pas à nous écrire et nous ferons tout pour vous donner des clés ! Par ailleurs, lors des périodes de confinement que nous avons vécues, Grand-Mercredi a proposé plein de solutions et d’idées pour garder le lien avec ses Petits-Enfants.  A (re)découvrir !

* Ouvrages de Liliane Holstein : Le burn-out parental, 2014 ; La magie du couple heureux, 2017 ; Le syndrome de la mouche contre la vitre, 2019. Tous aux éditions Josette Lyon.

Le « c’était mieux avant », ça vous parle ? Moi oui.
J’avoue, parfois, lorsque j’entends mes Petits-Enfants et leurs Parents me parler d’ « ateliers bleus » et de « rythmes scolaires », je suis un peu perdue. Au risque de passer pour une Grand-Mère rétro, je me dis, surtout, que tout était plus simple « à notre époque ».

Pour me donner raison – mais aussi pour éclairer votre lanterne sur l’école d’aujourd’hui – j’ai donc fait venir au tableau deux institutrices : Sabine, mon amie de toujours, qui a connu les encriers et la blouse grise, et Charlotte, une petite nièce pour qui l’enseignement est une vocation.
Je les ai installées toutes les deux sur un canapé et je les ai écoutées. Vous verrez : c’est on ne peut plus…instructif !

Granny,

 

Sabine,
Grand-Mère de 9 Petits-Enfants
Institutrice entre 1969 et 1973 à Lille

Devenir institutrice, une vocation?
A cette époque, on est en mai 68, tout le monde pouvait enseigner : il suffisait d’avoir son bac.
J’avais toujours rêvé de faire une dictée à voix haute à une classe d’élèves et l’idée que, dans les petites classes, les petits-enfants entrent en ne sachant ni lire ni écrire, et ressortent avec ce bagage, me réjouissait.
Alors je suis allée toquer à la porte d’une école privée de Lille, celle de la rue St-Sauveur.
Et, du jour au lendemain, on m’a mise à la tête d’une classe.

Un souvenir ?
Ma plus belle déclaration d’amour, c’est celle d’un élève, Frédéric.
Il m’a dit un matin : « Tu sais Maîtresse, j’aimerais que tu sois ma Maman ». Alors je lui ai demandé, très intriguée : « Mais ta Maman, que ferait-elle ? »
« Et bien elle serait ma Grand-Mère ! »
C’est dans ces moments-là que je prenais conscience de la place essentielle qu’une institutrice tient dans le cœur des enfants. Tout particulièrement dans les plus petites classes où les enfants sont très attachés à nous.

Les Grands-Parents étaient-ils impliqués ?
Pas vraiment. Les mères venaient évidemment chercher leurs enfants à l’école et, lorsque nous voyions les Grands-Parents, c’était exceptionnel.
Il faut imaginer qu’à cette époque, soit on ne travaillait pas et on s’occupait de ses enfants, soit on travaillait et c’était le plus souvent les aînés qui prenaient le relais.

Un livre ?
Lorsque je lisais un livre à ma classe, les enfants me regardaient comme si j’était une magicienne.
Je jouais avec le ton, je les passionnais.
Mais LE livre, celui que je considère comme symbolique c’est : « Le Petit Prince ».
Lorsque j’ai passé mon CAPES, l’inspecteur m’a demandé pourquoi j’avais choisi « Le Petit Prince » et si je ne trouvais pas mes élèves trop jeunes pour un tel ouvrage ? Je lui ai répondu : « Mais tout est tellement beau, qu’ils prendront ce qu’ils veulent. »
Et je pense que c’est ça les enfants : ils prennent ce qu’ils veulent.

 

Charlotte,
Institutrice aujourd’hui en classe de CP à Paris, 17ème arrondissement.

Devenir institutrice, une vocation?
En quelque sorte, oui ! C’est si long de le devenir que, le jour de ma première rentrée fut pour moi comme un sacre !
J’allais m’asseoir en face d’une classe d’élèves et leurs apprendre ce que j’avais appris moi-même à leur âge. Je n’en revenais pas !

Un souvenir ?
Le souvenir de ma première réunion de Parents d’élèves. Leurs inquiétudes, leurs questions, leur attentes. Et moi « Serai-je être à la hauteur du rôle qui m’est confié ? »
Quelle responsabilité nous avons, nous, de faire grandir tous ces enfants et de ne passer à côté de rien !

Voyez-vous les Grands-Parents à l’école ?
Bien sûr ! Certains viennent même aux réunions parents-professeurs.
Ils s’impliquent dans la vie de l’école en apportant des fruits ou des livres pour la classe, par exemple. Ils viennent chercher les enfants le Mercredi, pour beaucoup d’entre eux, ou le soir.
Et pour nous, les maîtresses, ils sont un vrai relais. Je me souviens avoir confié à une Grand-Mère que le chagrin de son petit-fils était peut-être dû à celui qu’éprouvait sa Maman en le quittant chaque matin !
Comme un coup de baguette magique, la semaine suivante, c’était le papa qui déposait le petit garçon, tout sourire !
Les Grands-Parents ont un pouvoir que nous ne soupçonnons pas. Celui de pouvoir, en un conseil, débloquer un petit tracas. Ça s’appelle l’expérience !

Quel rôle doivent-ils jouer?
Un rôle de relais, de conseil et de soutien, surtout quand il s’agit d’organiser les choses : rentrée, devoirs, allers-retours, activités extra-scolaires.
Une famille bien organisée, c’est la sérénité assurée.

Un livre ?
Bien sûr ! Lisez-leur ceux de votre génération. C’est ça, le vrai cadeau à leur faire.
Et moi je dis à tous les parents que « Le Petit Prince « : un, il n’a pas d’âge, et deux, il ne se démode pas !

 

Du syndrome de la « super Grand-Mère » aux privilèges de la relation Grand-Mère/Petits-Enfants. La psychothérapeute Evelyne Féau et le Docteur Frédéric Kochman, pédopsychiatre et coordinateur médical de la Clinique Lautréamont à Loos (Nord), répondent à nos 5 questions sur le rôle que vous avez à jouer en tant que Grand-Mère. 

 

1. Être Grand-Mère, est-ce que cela s’apprend ?

Dr Frédéric Kochman : Etre Grand-Mère, comme être mère, ne s’apprend pas dans les livres, mais dans nos expériences de vie personnelles, transgénérationnelles. Beaucoup de Grand-Mères m’évoquent leur statut de Grand-Mère en le comparant à leur statut de mère : nettement plus apaisé, décomplexé, plus cool quoi !

Evelyne Féau : C’est en effet un apprentissage. On devient Grand-Mère en même temps que l’enfant devient Petit-Enfant. Mais si la Grand-Mère retrouve les mêmes gestes que ceux qu’elle avait en tant que mère, elle ne vit pas sa relation avec ses Petits-Enfants de la même façon, profitant d’une plus grande disponibilité. Moi-même, jamais je ne me serais dit – avant de devenir Grand-Mère – combien j’étais à ce point passée à côté de certains moments avec mes propres enfants. Grâce à leurs Petits-Enfants, auxquels elles sont entièrement dédiées, les femmes se découvrent autrement, sous une autre facette. Et malgré le stress et la responsabilité dont elles se sentent investies lorsqu’elles s’en occupent, cela reste un émerveillement.

2. La Grand-Mère, bien qu’elle s’en défende parfois, a-t-elle un rôle éducatif à jouer envers ses petits-enfants ?

E.F. : Si l’on veut pouvoir continuer à faire sereinement des choses avec eux, il faut se sentir respectée. Alors, évidemment, si les Petits-Enfants font des bêtises, mieux vaut sévir et couper court à l’accumulation des caprices. En revanche, en présence des parents, il est important de savoir s’effacer. Et si un parent refuse telle chose à son enfant, il ne s’agit pas d’aller ensuite à l’encontre de cette décision.

Dr F.K. : Le rôle éducatif de la Grand-Mère est majeur. Beaucoup de Grand-Mères de notre génération sont jeunes, modernes, bien souvent pleinement insérées dans une vie active, et ainsi très au fait des passions, des émotions, des centres d’intérêts de leurs Petits-Enfants. De ce fait, la Grand-Mère d’aujourd’hui peut bien souvent jouer le rôle de confidente de ses Petits-Enfants, donner des conseils avisés, avec plus de temps pour écouter et réfléchir avec eux. En cela, cela participe grandement à leur éducation.

Mais il est aussi important pour les parents d’adouber les Grands-Parents dans leur rôle de sécurité, d’autorité et de participation à l’éducation, lorsqu’ils ont la garde – même très temporaire (une soirée, un week-end….) – de leurs Petits-Enfants. En d’autres termes, cela signifie : « Mes chéris, nous vous confions ce soir à vos Grands-Parents ; nous leur déléguons pour ce temps notre autorité. En notre absence, ce sont eux les capitaines du bateau ».

3. La notion de transmission est fréquemment mise en avant dans le rapport intergénérationnel. Où commence et où finit-elle ? Quel rôle la Grand-Mère peut-elle jouer en matière de transmission ?

Dr F.K. : La transmission touche avant tout les valeurs, l’histoire d’une famille. Elle inclut les traditions parfois régionales, parfois internationales. Pour ma part, je suis un pédopsychiatre d’origine polonaise. Je continue à vivre avec plaisir et nostalgie les traditions culinaires polonaises des fêtes de Noël, par exemple. Nous savons aujourd’hui que cette transmission est inscrite dans les gènes, dans l’ADN de nos Petits-Enfants : c’est ce qu’on nomme l’épigénétique. L’ADN de nos enfants et Petits-Enfants a en mémoire des événements marquants de la vie de leurs ascendants.

# Transmettre l’histoire familiale : voilà un rôle pour la Grand-Mère

« Faire découvrir comme dans une saga l’histoire de la famille, parfois sur plusieurs générations, inscrit les Petits-Enfants dans une structuration solide de leur vie, dans le temps et l’espace. Un très beau projet à construire avec les Grands-Parents : un arbre généalogique géant de toute la famille ! »

# Raconter des anecdotes, des souvenirs amusants : autre rôle sympathique pour la Grand-Mère

E.F. : Personnellement, je préfère leur raconter des anecdotes ou leur parler de détails amusants. Une chose est sûre : avec des mots choisis, on peut tout dire à un enfant. Et s’il pose des questions, vous n’avez pas à fuir. Car il va se rassurer grâce à ce que vous lui direz ; sinon, c’est son imagination qui prendra le pas, et celle-ci est bien plus angoissante que la réalité.

4. Dans quelle mesure la relation qu’un enfant entretient avec sa Grand-Mère est-elle complémentaire de ce qui l’unit à ses parents ?

E.F. : L’un des rôles principaux de la Grand-Mère est de faire avec ses Petits-Enfants ce que les parents ne leur font pas faire, faute de temps. Ces moments de partage requièrent une certaine organisation ; des efforts auxquels les Petits-Enfants sont sensibles.

Dr F.K.: Dans de nombreux cas, les liens avec ses parents sont marqués par le stress, le manque de temps, la pression des jours de semaine, les devoirs, etc. En revanche, un week-end avec sa Grand-Mère va se visualiser souvent de manière plus positive : en mode « pause », au calme, comme l’évoquent les jeunes sur leurs réseaux sociaux (« oklm… », écrivent-ils en langage SMS).

La Grand-Mère, on l’imagine d’emblée plus sereine, souriante, avec le plaisir d’aimer ses Petits-Enfants sans la pression de l’éducation quotidienne, de la réussite scolaire. La Grand-Mère peut donc renforcer; amplifier ces moments forts et pleins d’amour par des moments passés ensemble, au cours desquels on a le temps de s’aimer, de rire, de réfléchir au présent, à l’avenir, en toute quiétude et douceur.

5. Que diriez-vous aux Grand-Mères qui mettent un point d’honneur à assumer seules la garde de leurs Petits-Enfants ? En particulier quand elle le font sans aide extérieure (de type nounou ou jeune fille) et sur des périodes plus ou moins longues (week-end, vacances…) ?

E.F. : Les Grand-Mères qui cherchent à tout contrôler espèrent une sorte de reconnaissance de leur rôle de « super Grand-Mère ». Personne ne doute qu’elles en soient capables, mais il est tout aussi important de connaître ses limites. Alors je leur dirais simplement : « Ce n’est pas parce qu’on vous prête main-forte que l’on vous considère comme une mauvaise Grand-Mère ».

Dr F.K. : De mon point de vue, cela est très positif ! Assumer la garde de leurs Petits-Enfants est une évidence pour beaucoup de jeunes Grand-Mères de 45 ans, qui font dix ans de moins que leur âge, en plein équilibre de vie, sportives, battantes. Elles sont de superbes modèles de vie pour leurs Petits-Enfants. J’ai très souvent entendu dans mon cabinet des jeunes patients me dire : « J’espère que je serai comme ma Grand-Mère à son âge ! ». C’est le plus beau compliment que l’on puisse leur faire !

 

Résumé des différents rôles pour une Grand-Mère évoqués dans cette interview :

  • S’investir pleinement avec ses Petits-Enfants
  • Savoir s’effacer en présence des parents
  • Rôle éducatif majeur délégué par les parents
  • Etre une confidente, pourvoyeuse de bons conseils
  • Transmettre l’histoire familiale
  • Apporter des espaces de tranquillité dans la vie trépidante des Petits-Enfants (et de leurs parents)
  • Faire avec les Petits-Enfants ce que les parents ne font pas, souvent faute de temps
  • Garder ses Petits-Enfants, s’en occuper le temps d’un week-end, de périodes de vacances, etc.

Et pour approfondir sur ce sujet des rôles des Grands-Parents, voici un peu de lecture sur le rôle du Grand-Père ou encore une enquête à ce sujet.

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